Résidences secondaires : pourquoi le GDIPRS a choisi le dialogue plutôt que l’escalade

Samedi 29 Novembre 2025

Recours juridiques, décisions cantonales, tensions locales… Face aux incertitudes entourant la taxe sur les résidences secondaires, le GDIPRS a fait un choix assumé : renoncer à l’escalade judiciaire pour privilégier le dialogue institutionnel et une réflexion de fond à l’échelle cantonale. Un virage stratégique expliqué ici, au-delà des postures et des simplifications.


Ces derniers mois ont été intenses pour les propriétaires de résidences secondaires de la région Montreux–Riviera–Villeneuve. Recours juridiques, décisions du Tribunal cantonal, échanges institutionnels parfois tendus, incompréhensions persistantes sur l’application du nouveau règlement… le sujet est devenu à la fois technique, politique et émotionnel.

En tant que président du GDIPRS, j’aimerais expliquer ici, calmement et sans posture, pourquoi nous avons fait un choix qui peut surprendre : renoncer à un recours au Tribunal fédéral pour privilégier le dialogue institutionnel et une réflexion de fond à l’échelle cantonale.

Ce choix n’est ni un renoncement, ni un aveu de faiblesse. C’est, au contraire, un choix stratégique et responsable.


Un problème qui dépasse largement notre région

Au départ, il y a un cas local : l’application d’un règlement intercommunal relatif à la taxe de séjour et à la taxe sur les résidences secondaires. Mais très vite, ce cas a mis en lumière des problèmes structurels :

des notions juridiques insuffisamment définies ;

des marges d’interprétation importantes laissées aux communes ;

des différences de traitement entre territoires ;

et, en bout de chaîne, des recours judiciaires devenus un outil de régulation par défaut.

Autrement dit, ce qui s’est produit chez nous peut se reproduire ailleurs, et pas uniquement dans les communes touristiques. Dans un contexte où la fiscalité immobilière est en pleine mutation – suppression annoncée de la valeur locative, nouvelles tentations fiscales autour des résidences secondaires – il serait illusoire de croire que ces questions resteront marginales.


Le droit comme dernier recours, pas comme seule réponse

Le GDIPRS a engagé deux recours devant le Tribunal cantonal. Ces démarches étaient nécessaires. Elles ont permis de clarifier des points de droit, de poser des jalons, et surtout de faire émerger les zones grises du système actuel.

Mais le droit a ses limites.
Lorsqu’un règlement est flou, imprécis ou insuffisamment outillé sur le plan opérationnel, le juge ne peut pas tout résoudre. Et multiplier les procédures, sans corriger les causes profondes, revient à déplacer le problème sans le traiter.

C’est là qu’intervient une autre voie : celle du dialogue institutionnel et du travail sur les textes d’application.


Une ouverture institutionnelle à saisir

Le 25 novembre, la Communauté d’Intérêts Touristique de la Région (CITS) a fait savoir qu’elle souhaitait élaborer une directive d’application du règlement. L’objectif affiché : clarifier les modalités pratiques, harmoniser les pratiques et sécuriser l’exécution du règlement.

Cette ouverture est importante. Elle répond à une demande formulée de longue date par les représentants des propriétaires. Elle crée surtout un espace pour un travail sérieux, technique et constructif.

Dans ce cadre, le GDIPRS a transmis un document détaillé, accompagné d’une annexe chiffrée, proposant notamment :

une définition uniforme de la notion de « pièce habitable » ;

une procédure claire de correction des données du RegBL ;

une prise en compte proportionnée de certaines situations particulières ;

et des critères simples, objectivables et plafonnés, garants de l’égalité de traitement.

Ces propositions ne remettent pas en cause le principe de la taxe. Elles visent une chose simple : rendre son application compréhensible, proportionnée et juridiquement sûre.


Pourquoi renoncer au Tribunal fédéral

Dans ce contexte précis, porter l’affaire devant le Tribunal fédéral aurait eu un coût élevé – financier, humain et politique – pour une probabilité de succès limitée, et sans garantie d’amélioration concrète du système.

Renoncer au recours n’a donc pas été un réflexe de fatigue, mais un choix assumé de responsabilité. Celui de considérer que, à ce stade, le travail sur les règles d’application est plus utile qu’une victoire juridique symbolique et isolée.

Le rôle d’une association comme le GDIPRS n’est pas de judiciariser à tout prix, mais de défendre durablement les intérêts de ses membres, y compris en évitant des conflits futurs.


Anticiper plutôt que subir

Au fond, la démarche actuelle du GDIPRS est prospective.
Elle vise à tirer des enseignements d’une situation concrète afin d’alimenter une réflexion plus large, à l’échelle cantonale, sur la qualité du cadre légal applicable aux résidences secondaires.

Anticiper vaut mieux que corriger dans l’urgence.
Clarifier vaut mieux que sanctionner a posteriori.
Dialoguer vaut mieux que s’enfermer dans des oppositions stériles.

C’est dans cet esprit que nous poursuivrons nos échanges avec les autorités intercommunales, communales et cantonales. Et c’est aussi dans cet esprit que je continuerai, ici, à partager les coulisses et les enjeux de ces dossiers souvent techniques, mais aux conséquences très concrètes pour de nombreux citoyens.


👉 Pour en savoir plus sur les actions du GDIPRS, suivre l’évolution du dossier et accéder aux documents officiels, rendez-vous sur le site du
Groupement de Défense des Intérêts des Propriétaires de Résidences Secondaires (GDIPRS) :
👉 https://gdiprs.org
Mathieu Janin
Mathieu Janin