Même si le départ de l’ancien syndic et son remplacement par une femme à la tête de l’exécutif communal avait été préauguré l’été dernier par l’humoriste romand Karim Slama, lorsqu’il rédigeait le script du dernier spectacle du chœur d’hommes L’Avenir « Föröl – Berceau de la civilisation… », personne n’aurait imaginé, il y a quelques mois, que Daniel Flotron abandonne son rôle de syndic si bien incarné, quelques semaines à peine après avoir remporté les élections communales, en faisant voix égales avec la nouvelle future syndique pour devenir représentant du Conseil d’Etat dans le district de Lavaux-Oron.
Ayant recueilli la majorité des suffrages, Suzanne Audino aurait pu prétendre à la syndicature d’entrée de jeu. Ce serait mal connaître cette adepte du dialogue et du consensus. L’un de ses collègues « vient ensuite » s’intéresse à la fonction. Elle lui laisse la place, avant que son employeur refuse de le laisser briguer ce poste en raison de sa charge politique déjà très conséquente en tant que député au Grand Conseil vaudois. Dès lors, Suzanne prend sa décision. Ce sera elle qui deviendra syndique. Avec l’accord de son mari Daniel car c’est une décision importante et engageante qui doit recueillir l’aval du couple. Quelques mois après Savigny, sa commune voisine de Forel (Lavaux) se voit également dirigée par une syndique.
Pourtant, à première vue, rien ne laissait envisager une telle issue. Née il y a 64 ans à Genève, la petite Suzanne ne connaît pas la région du Jorat et encore moins sa future commune. Elle coule des jours heureux dans les communes de Peney-dessous/GE et de Grancy. Adolescente, elle fait un apprentissage d’employée de commerce à Eclépens à la fabrique de draps Berger SA, disparue depuis, et commence à fréquenter le charmant jeune homme suisse d’origine italienne prénommé Daniel Audino. Tous deux font rapidement des plans de vie. C’est décidé, ils vont s’expatrier…en Suisse alémanique. Daniel trouve un emploi de lithographe dans une imprimerie lucernoise. Suzanne un emploi au sein de la compagnie d’assurances Chrétienne Sociale. Ils resteront en Suisse centrale 5 ans. De 1972 à 1977. Ils y découvriront une autre culture et démontreront leur capacité d’intégration et leur intérêt pour découvrir une autre manière de vive, une autre manière de penser. Mais Suzanne commence à avoir le mal du pays, contrairement à Daniel qui aurait pu rester toute sa vie outre-Sarine. Leurs amis romands sont tous rentrés, leur réseau lucernois s’étiole. Le couple décide de rentrer en Suisse romande où Daniel vient de trouver un nouvel emploi à Préverenges. Ils y habiteront de 1977 à 1981, avant de rejoindre, par un nouvel hasard de la vie, le village de Forel (Lavaux) et plus précisément le quartier résidentiel de La Chercotte qui forme l’un des hameaux de l’habitat dispersé forellois, avec ses quelque 40 villas.
Leur arrivée à Forel (Lavaux) s’explique par un coup de cœur pour la villa qu’ils rachètent à leur propriétaire à bon prix. Un coup de cœur particulier pour l’escalier en bois en colimaçon. Parfois le hasard tient à peu de chose me direz-vous. Sans cet escalier, nous n’aurions peut-être jamais pu rencontrer les Audino dans notre village.
Habitant à quelques kilomètres du centre du village et mère de deux enfants, Suzanne s’intéresse à la vie villageoise. Son intgération débute par son entrée à la société des Amis-gyms comme membre du groupe gym mères-enfants et par la suite comme monitrice jusqu’en 1987. Elle occupera par la suite le poste de secrétaire jusqu’en 2005 et sera facilitée par sa prise de fonction en tant qu’employée à l’administration communale. Etant fonctionnaire du village, c’est Daniel qui siègera d’abord au Conseil communal. Puis ce sera le tour de Suzanne lorsqu’elle travaillera pour le centre social régional de l’est lausannois à Oron-la-Ville. Devenue vice-présidente du Conseil communal forellois en 2009, Suzanne brigue un poste à la municipalité, suite à la démission de Bernard Emery. Elue au premier tour, elle féminisera cet exécutif essentiellement masculin, avant l’élection ce printemps d’une deuxième femme à l’exécutif en la personne de Roseline Chapalay.
Questionnée sur ses motivations pour devenir syndique, Suzanne Audino explique qu’elle aime avant tout le contact humain et la gestion du personnel communal. Arrivé à maturité dans son développement immobilier, le principal objectif de la nouvelle syndique forelloise pour la nouvelle législature est le maintien de la qualité de vie actuelle pour l’ensemble de ses habitants. Souhaitons-lui de réaliser cette ambition.
Encart
Questionnaire de Pivot
Le questionnaire de Pivot a été inventé par Bernard Pivot au milieu des années 1970 et est directement inspiré du questionnaire de Proust.
Le célèbre critique littéraire avait pris l'habitude soumettre ses invités à une série de 10 questions lors de ses émissions "Apostrophes" et "Bouillon de culture".
Ce questionnaire est également devenu célèbre, outre-Atlantique, grâce à James Lipton et son émission "Inside the Actor's Studio".
Durant l'émission, l'animateur soumettait, lui aussi, ses invités au questionnaire et rendait un vibrant hommage à Bernard Pivot avec la phrase "the great Bernard Pivot".
Intégralité du questionnaire de Pivot rempli par Suzanne Audino :
Votre mot préféré ? - la vie
Le mot que vous détestez ?
- la mort
Votre drogue favorite ?- le chocolat
Le son, le bruit que vous aimez ? -la pluie et les vagues
Le son, le bruit que vous détestez ? -l’orage, le tonnerre
Votre juron, gros mot ou blasphème favori ? -aucun…peut-être le mot « e-----és »
Un homme ou une femme pour illustrer un nouveau billet de banque ? -La Conseillère fédérale Elisabeth Kopp
Le métier que vous n'auriez pas aimé faire ? - avocat défendant des criminels
La plante, l'arbre ou l'animal dans lequel vous aimeriez être réincarné ? - l’horensia, le tilleuil ou le chat
Si Dieu existe, qu'aimeriez-vous, après votre mort, l'entendre vous dire ? -« Bienvenue parmi les justes ! »